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Taux directeur maintenu à 12% : ce que les PME malagasy doivent comprendre pour 2025

5 novembre 2025 par
Prospérin Tsialonina
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Le 4 novembre 2025, la Banque Centrale de Madagascar (BFM) a annoncé le maintien du taux directeur à 12%.

Pour beaucoup, c’est une information qui passe dans le fil d’actualité sans éveiller d’intérêt immédiat. Pourtant, ce taux influence directement la vie des entreprises : l’accès au crédit, le coût de financement, la pression sur les prix, la trésorerie et la stabilité de l’Ariary.

Comprendre cette décision permet de mieux piloter son entreprise dans un contexte économique encore fragile.

Alors, que faut-il retenir, et surtout : que doit faire une PME aujourd’hui ?

1. Un contexte où la prudence domine

L’économie mondiale avance, mais sans vitesse.

Selon la BFM, la croissance mondiale devrait s’établir autour de 3,2% en 2025, avec une reprise qui reste irrégulière et dépendante des politiques monétaires de chaque pays.

À Madagascar, l’activité économique a marqué un ralentissement au 3ème trimestre, notamment dû :

  • aux incertitudes politiques,
  • à une baisse de confiance des ménages,
  • à une contraction de la demande intérieure.

Autrement dit : les ménages ont moins consommé, les entreprises ont vendu moins, et les banques ont prêté plus prudemment.

Dans ce contexte, la Banque Centrale a choisi la stabilité plutôt qu’une baisse du taux : elle veut éviter l’inflation, soutenir la monnaie nationale, et sécuriser le système financier avant de relâcher progressivement.

On ne combat pas l’incertitude en ajoutant du risque. On commence par stabiliser.

2. Ce que signifie un taux directeur à 12%

Le taux directeur est le prix auquel les banques se refinancent auprès de la Banque Centrale.

S’il est élevé, les banques prêtent à des taux plus élevés à leur tour.

C’est donc une mécanique en chaîne.

Aujourd’hui, une PME qui sollicite un crédit se retrouve souvent face à des taux réels entre 15% et 22% selon :

  • son secteur,
  • ses garanties,
  • et son historique bancaire.

Le message à retenir est clair :

L’argent reste cher. L’endettement doit être calculé, mesuré, justifié et rentable.

Ce n’est pas l’époque où l’on emprunte pour « voir comment ça évolue ».


3. Comparaison régionale : pourquoi c’est plus difficile chez nous

Pour mieux comprendre la situation malgache, comparons brièvement avec la région :

PaysTaux directeur approx.Environnement de financement
Île Maurice~4,5%Crédit accessible, fort soutien aux PME, produits financiers variés
Afrique du Sud~8,25%Marché financier profond (obligations, bourse, investisseurs institutionnels)
Madagascar12%Accès au financement essentiellement bancaire + forte exigence de garanties

Ici, la grande différence est structurelle :

  • À Maurice ou en Afrique du Sud, une PME peut lever du capital, de la dette privée, ou des prêts bas taux.
  • À Madagascar, 90% du financement des entreprises dépend des banques.

Donc quand les taux sont élevés, l’impact est immédiat et parfois brutal. C’est là que se joue la stratégie.

4. Ce que devrait faire une PME maintenant

a) Maîtriser sa trésorerie comme un actif stratégique

Dans un environnement où l’argent coûte cher, le cash devient un avantage compétitif.

Une entreprise avec de la trésorerie libre peut :

  • acheter mieux,
  • investir au moment opportun,
  • négocier des délais,
  • éviter les refinancements coûteux.

À l’inverse, une entreprise uniquement « rentable sur papier » mais sans liquidité reste fragile.

Ce n’est pas la rentabilité qui protège l’entreprise. C’est la trésorerie.

b) Réduire le besoin en fonds de roulement

Ce n’est pas toujours l’activité qui manque, mais l’oxygène financier.

3 leviers utiles :

  1. Négocier des délais fournisseurs plus longs
    Par exemple : passer de 15 jours à 30 jours réduit la pression immédiate.
  2. Accélérer l’encaissement des clients
    Offrir une petite remise pour paiement anticipé peut être plus rentable que contracter un crédit court terme.
  3. Optimiser les stocks
    Les entrepôts pleins coûtent plus cher que l’on pense (financement + pertes + immobilisation).

À noter : gérer les relances clients peut devenir un métier en soi

Dans la pratique, beaucoup d’entreprises perdent de la trésorerie simplement parce que les relances sont irrégulières, tardives, ou non structurées.

Souvent, ce n’est pas de la mauvaise volonté des clients — mais un manque de processus.

Pour les PME qui n’ont pas le temps ou l’équipe pour le faire, il est possible de déléguer la gestion des relances et du suivi d’encaissement à des prestataires spécialisés.

Par exemple, KENTIA-RECOUVREMENT sarl accompagne des entreprises à structurer leurs processus de relance, faire respecter les délais de paiement, améliorer les flux d’encaissement, tout en préservant la relation commerciale.

L’objectif n’est pas d’“aller au conflit”, mais de professionnaliser le cycle d’encaissement pour éviter que des ventes réalisées ne restent bloquées en pertes de trésorerie.

Résultat attendu pour une PME qui structure ses relances :

  • Meilleure visibilité financière
  • Moins de retards de paiement
  • Moins de tensions avec les clients
  • Plus de trésorerie disponible pour investir

c) Explorer les financements hors système bancaire

Parce que les banques ne peuvent pas tout faire.

Parmi les options réalistes :

  • Apports progressifs des associés
  • Investisseurs partenaires (locaux/ diaspora)
  • Préventes/ abonnements
  • Micro-collecte ciblée auprès de clients fidèles
  • Financements FMFP pour libérer de la marge sur les dépenses formation

La croissance peut être financée par le marché, pas seulement par la banque.

d) Ajuster les prix intelligemment

Dans un contexte d’inflation qui baisse mais reste sensible, ne pas ajuster ses prix revient à réduire ses marges.

Mais l’ajustement doit être progressif et lisible :

  • +2% tous les trimestres = mieux accepté qu’un +15% brutal fin d’année.
  • Communiquer sur la valeur (qualité, durabilité, service) aide à justifier le prix.

5. Conclusion : Les PME qui réussiront seront celles qui maîtrisent leurs fondamentaux

Le maintien du taux directeur à 12% n’est ni une bonne, ni une mauvaise nouvelle en soi.

C’est un signal de discipline économique.

Les entreprises qui s’en sortiront sont celles qui :

  • planifient
  • mesurent
  • anticipent
  • naviguent avec stratégie

Dans un environnement où l’incertitude est réelle, la rigueur devient une force.

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