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Madagascar, terre d'opportunités ? Ce que dit la Banque mondiale sur l'investissement et l'entrepreneuriat

9 mai 2025 par
Prospérin Tsialonina
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Introduction : Un contexte en mutation et un regain d'espoir

Dans son dernier Mémorandum Économique, la Banque mondiale livre une analyse approfondie sur les perspectives de développement économique à Madagascar, avec un accent particulier sur l'investissement privé et l'entrepreneuriat. Ce document de référence vient confirmer une réalité que de nombreux acteurs économiques ressentent sur le terrain : Madagascar entre dans une période charnière. Malgré des obstacles persistants, le pays dispose d'atouts uniques et de niches de croissance porteuses, à condition de créer un environnement plus propice aux affaires et d'accompagner les initiatives créatrices de valeur.

1. Une croissance retrouvée mais encore insuffisamment inclusive

Depuis 2013, Madagascar connaît une croissance économique relativement stable, avec des taux avoisinant les 5 %. Le retour à la stabilité politique suite aux élections de 2018 a permis de relancer certains investissements publics et privés. Pourtant, près de 78 % de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. Cette dualité s'explique par la forte concentration des activités dans quelques zones urbaines (notamment Antananarivo, Toamasina et Antsirabe), et par le poids écrasant de l'agriculture de subsistance dans les zones rurales.

Dans la région de Bongolava, une coopérative agricole produisant du riz en système intensif (SRI) avec appui d'une ONG internationale a vu ses rendements doubler en 2 ans. Toutefois, sans accès à une rizerie moderne ou à des marchés de distribution stables, ses membres ne peuvent tirer pleinement profit de leur production.

2. Des secteurs exportateurs dynamiques et résilients

La Banque mondiale identifie trois secteurs de croissance à fort potentiel :

  • Agroalimentaire : Madagascar est un exportateur de produits à forte valeur ajoutée (vanille, litchi, cacao). L'organisation en coopératives et l'accompagnement par des certifications bio ou équitables ont permis à certains producteurs d'accéder à des marchés européens et américains.
  • Textile et confection : Les zones franches industrielles d'Antananarivo et de Mahajanga continuent d'attirer les donneurs d'ordre européens. Le coût compétitif de la main-d'œuvre francophone et les accords commerciaux (AGOA, SADC) offrent un cadre favorable.
  • IT-BPO : La digitalisation du monde du travail ouvre un boulevard aux activités de sous-traitance numérique. À Antananarivo, plusieurs startups offrent des services de saisie, traduction, modélisation 3D ou développement web à des clients français, suisses ou canadiens.

Une PME dirigée par une jeune entrepreneure à Antsirabe a démarré avec 3 postes informatiques en 2019. En 2024, elle emploie 28 jeunes, dont la majorité sont formés sur place et travaillent pour des entreprises françaises dans l'immobilier et la gestion de données.

3. L'entrepreneuriat malgache : abondant mais fragile

Le rapport estime que 22 % de la population active est engagée dans l'entrepreneuriat, ce qui place Madagascar au 7e rang africain selon le Global Entrepreneurship Monitor. Cela traduit un formidable potentiel de créativité et de résilience.

Mais cet entrepreneuriat reste en grande partie informel, sous-capitalisé et très sensible aux chocs économiques. Le manque d'accès au financement, l'instabilité juridique, les coûts énergétiques et logistiques, et les lenteurs administratives constituent autant de freins.

Un entrepreneur à Toamasina spécialisé dans la transformation de fruits tropicaux peine à répondre à la demande d'un acheteur à la Réunion, faute d'accès régulier à l'électricité et de solution logistique régulière via le port.

4. Les réformes prioritaires pour favoriser l'investissement à Madagascar

La Banque mondiale recommande plusieurs réformes urgentes, structurées autour de quatre axes :

  • Connectivité : Améliorer l'état des routes, réduire les coûts d'accès à Internet et à l'énergie, renforcer les infrastructures portuaires.
  • Capital humain : Réformer l'éducation de base, structurer la formation professionnelle, promouvoir l'entrepreneuriat féminin.
  • Climat des affaires : Simplifier les procédures, renforcer la transparence et les institutions réglementaires.
  • Productivité agricole : Rendre l'information de marché accessible, créer des coopératives efficaces, investir dans le stockage et la transformation locale.

Conclusion : Bâtir un pont entre volonté politique, appui technique et vision entrepreneuriale

Le rapport de la Banque mondiale confirme ce que nous voyons chaque jour sur le terrain : des entrepreneurs qui innovent, des jeunes qui cherchent à créer leur avenir, des investisseurs intéressés mais prudents. Ce potentiel, il faut l'activer avec des mesures concrètes, une meilleure coordination entre acteurs, et un accompagnement stratégique sur le long terme.

C'est dans cette logique que je m'engage à travers mes activités : accompagner les porteurs de projets, faciliter l'installation d'investisseurs responsables et contribuer à une économie plus inclusive et résiliente à Madagascar.

Vous avez un projet à implanter à Madagascar ? Besoin d'une évaluation, d'une feuille de route ou de contacts clés ? Parlons-en.

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